Une journée dans ma vie d’entrepreneuse DYS en déplacement

Lundi 22 mai 2023

Nous sommes lundi 22 mai 2023, demain je dois participer à un séminaire de mon partenaire Handineo au Perqo à St-Ouen-sur-Seine. J’ai préparé mon sac à dos et ma valise le matin même et je suis prête à partir pour rencontrer mon ami Vivien Laplane pour une petite visite commentée d’Orléans avant de prendre mon train à 17h19.

J’arrive dans le train, je laisse ma valise à l’endroit prévu à cet effet et je pars trouver une place assise. Le train part et c’est parti pour un peu plus d’une heure de route. Arrivée à la gare d’Austerlitz, je prends mon sac à dos et mon sac à main et je pars direction les toilettes, et c’est là que je me rend compte du fait que j’avais oublié ma valise dans le train 😱. Je cours donc dans la gare pour retrouver le quai où était arrivé mon train, un agent m’accompagne et je retrouve finalement ma valise saine et sauve. Première petite frayeur de la journée car j’étais fatiguée et que je n’étais pas capable de savoir de quel côté j’avais posé ma valise (coucou la dyspraxie).

Ayant dépensé beaucoup trop d’énergie pour récupérer ma valise, je m’installe sur des marches avec vue sur l’horloge de la gare de Lyon pour me reposer. Le temps est gris, pas comme le beau soleil qu’il faisait sur Orléans, néanmoins je trouve la motivation d’aller jusqu’à la station gare de Lyon à pieds. Je prends la ligne 14 et je descend au terminus « Mairie de St-Ouen ». Et là je tourne pendant une demi-heure à la recherche d’une sortie qui n’existe pas (elle existe sur la carte mais n’est pas indiquée depuis la ligne 14). Ne trouvant pas de solution, j’appelle mon mari qui me conseille de sortir à la sortie n°4 pour me guider par téléphone vers mon hôtel depuis la sortie du métro.

J’aime dire qu’avec mon mari lorsque je suis perdue, nous jouons à la carte aux trésors. J’étais épuisée, le GPS n’aurait été d’aucune efficacité pour moi. Mon mari me demande ce que je vois en face de moi, je lui dit : « je vois un bâtiment arc-en-ciel marqué PAIX et patrimoine ». Je lui décrit les lieux aux alentours et à un moment il me dit y’a pas une « patinoire » en face de toi ? » et là la révélation : ma dyslexie m’a joué des tours, il s’agissait non pas du mot « patrimoine » mais « patinoire ». Mon mari me guide jusqu’à l’hôtel que je peine à trouver (car le logo est beaucoup trop haut pour moi).

Arrivée à l’hôtel, on tombe sur un espace de restauration et cela a été difficile de trouver la réception. On me donne une chambre au rez-de-chaussée, un vrai labyrinthe. Une fois installée dans ma chambre je pars manger dans le restaurant de l’hôtel. Je tente tant bien que mal de trouver un plat pas trop dur à comprendre et à dire (pas d’image que du texte). Je prend finalement un jus de cassis, un toast « saumon avocat » et un cheesecake (les mots qui sont le plus connus dans mon vocabulaire de dyslexique épuisée). Bien évidemment j’avais oublié ma carte bancaire dans ma chambre, je fais donc un aller retour à ma chambre pour la récupérer puis payer.

Mardi 23 mai 2023

Nous sommes le matin du mardi 23 mai 2023, il est 7h, le réveil sonne. J’ai bien dormi et la fatigue de la veille est un peu moins présente. Je prends mon temps pour me préparer et je sors finalement de ma chambre vers 8h35 (sans avoir pris de petit-déjeuner car il était fournit par handineo). Me voilà donc en direction du siège de la Région Île-de-France, tout ce passe bien avec le GPS (malgré les bruits de klaxons incessants des véhicules énervés par la circulation).

Arrivée à l’accueil je savais que je devais présenter ma carte d’identité, mais je n’avais pas anticipé le contrôle au niveau des portiques. Deux portiques s’offrent à moi, mais je ne sais pas dans quelle queue me placer pour attendre. C’est finalement une femme de la sécurité qui m’indique vers quel portique me diriger. Une fois le portique passé, je me dirige vers la personne de l’accueil pour donner ma carte d’identité. Et là, elle prononce le mot qu’il ne faut pas dire quand on est en présence d’un dyspraxique : « Je vais vous ouvrir, et vous attendrez là-bas ! ». Je sors donc et je reviens vers la dame pour lui demander « Là-bas où ? ». Elle me répond « Sur les canapés ». Moi j’avais cru que je devais attendre dehors sur un banc comme quoi le « là-bas » qu’elle indiquait n’était pas le même là-bas que celui auquel je pensais.

On m’avait prévenu que quelqu’un viendrait chercher les personnes qui attendaient pour le séminaire d’Handineo. A un moment, une personne a demandé s’il y avait des personnes pour le séminaire (évidemment une personne que je ne connaissais pas), j’ai donc suivi cette dame et toutes les autres personnes qui attendaient pour le même événement.

Arrivé en haut, nous avons un papier à remplir (et c’est parti pour la 1ère torture de dysgraphique de la journée). Pour un simple remplissage de droit à l’image. Un espace m’était dédié pour les ateliers de l’après-midi, j’ai donc déposé mes affaires à cet endroit. Une fois dans la salle où il y a plein de monde, une première difficulté s’impose à moi : devoir demander une boisson en la signant (Robin avait prévu un café-signe et Dieu sait si signer est difficile pour un dyspraxique car cela nécessite du mimétisme mais également d’avoir une certaines conscience de son corps dans l’espace).

Une autre question épineuse pour moi, comment aller vers les autres quand on ne connait personne ? C’est finalement les autres qui sont venus vers moi et un atelier brise glace qui m’a permis de me sociabiliser et de rencontrer des personnes formidables.

Après un long temps au self (où il n’y avait qu’une seule caisse), nous sommes repartis direction le Perqo pour la suite de la journée. Et là, changement de programme par rapport à ce qui était initialement prévu (un gros coup d’adrénaline pour moi car j’ai horreur des changements brusques en tant que dysexécutive). Heureusement, j’ai ordonné à mon ami Robin de me cadrer. J’ai donc dû faire 2 ateliers dans la peau d’un DYS de 30 minutes au lieu d’un seul (pour que tout le monde soit content). Nous avons par la suite fait la conclusion de cet atelier et de celui d’HandiReality.

Une fois cette séance terminée je devais partir pour commander mon taxi (heureusement pour moi qui suis souvent incapable de parler au téléphone après une conférence, j’ai l’application G7 quand je suis en région parisienne). Dans le taxi j’ai eu le droit à une petite visite commentée.

Je suis arrivée à l’heure pour prendre mon train et cette fois-ci j’ai mis un rappel sur mon smartphone à l’heure de mon arrivée pour penser à récupérer ma valise. Malheureusement pour moi, déjà bien fatiguée par ma journée, il n’y avait plus de place assises en seconde classe. C’est finalement le contrôleur qui m’a offert une place assise en 1ère classe (sans frais supplémentaire) à cause de l’affluence incroyable ce jour-là.

Une fois arrivée à Orléans, mon mari est venu me chercher à la gare et nous sommes parti voir le spectacle de mon ami Vivien Laplane (comédien et conférencier sourd), un témoignage haut en couleur qui m’a également fait pensé sur certains points à mon parcours.


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