Jâai eu le plaisir dâĂȘtre interviewĂ©e par Elodie BERNARD du podcast « D comme DYS » de Poppins. Voici la transcription de ce podcast.
Elodie BERNARD : Bonjour Ă toutes et Ă tous, bienvenue dans le podcast D comme DYS de Poppins, l’application mĂ©dicale pour amĂ©liorer la lecture des enfants dyslexiques.
Les troubles du neurodéveloppement concernent une personne sur 6.
Pour mieux comprendre ces troubles et amĂ©liorer leur prise en charge, dans ce podcast, on vous partage des tĂ©moignages d’experts et des conseils pratiques.
On décrypte les avancées scientifiques et les dispositifs de soutien.
Si vous ĂȘtes parent et que vous souhaitez en savoir plus sur les troubles de votre enfant afin de mieux le comprendre et l’accompagner, D comme DYS est lĂ pour vous informer et vous soutenir.
Je suis Elodie BERNARD et je vous souhaite une bonne écoute.
Aujourd’hui, je reçois AurĂ©lie RENARD-VIGNELLES.
Aurélie est multi-DYS et a fait de ses troubles son métier.
Aujourd’hui, AurĂ©lie est confĂ©renciĂšre, formatrice, panĂ©liste, coach familial et rĂ©cemment autrice du livre « Moi, neuro-atypique : le secret de ma rĂ©silience ».
Pour cet Ă©pisode de rentrĂ©e, au travers de l’expĂ©rience d’AurĂ©lie, nous allons Ă©voquer les difficultĂ©s que les personnes DYS peuvent rencontrer pour s’insĂ©rer dans la vie professionnelle et proposer des astuces pour les surmonter.
Bonjour Aurélie.
Aurélie RENARD-VIGNELLES : Bonjour Elodie.
Elodie B : Je suis ravie de te recevoir.
Comme je l’ai un petit peu dit dĂ©jĂ , tu fais Ă©normĂ©ment de choses et tout ce que tu fais aujourd’hui est la consĂ©quence de tes troubles.
Est-ce que pour commencer, tu pourrais dĂ©crire briĂšvement ce qui t’a amenĂ© Ă faire ce que tu fais aujourd’hui ?
AurĂ©lie RV : Alors, je vais essayer de faire court parce que moi, mon mĂ©tier principal, c’est confĂ©renciĂšre.
Donc, tu sais, ĂŽ combien c’est compliquĂ© pour moi de faire court. Heureusement, on a prĂ©parĂ© cette vidĂ©o, ce podcast.
Donc, pour faire court, moi, on a commencĂ© Ă avoir des doutes vers l’Ăąge de 5 ans, donc vers l’Ăąge de 5 ans, les problĂšmes d’autonomie, les problĂšmes de langage oral, les problĂšmes de coordination des gestes, d’autonomie, de plein de choses, en fait.
Donc, ma maĂźtresse de grande section a alertĂ© mes parents pour leur dire qu’il faudrait Ă©ventuellement me faire voir en examen au CMPP de Tours, donc Centre MĂ©dico-Psycho-pĂ©dagogique de Tours, puisqu’Ă l’Ă©poque, j’Ă©tais en Indre-et-Loire.
Et puis, le CP arrivant, c’est lĂ oĂč on s’est rendu compte un petit peu des difficultĂ©s de lecture. Moi, je suis dyslexique sĂ©vĂšre, j’ai les 2 types de dyslexie. Donc, voilĂ , c’est un peu un peu compliquĂ©, ce qui ne m’a pas empĂȘchĂ©, vous l’aurez compris que j’ai pu Ă©crire mon livre.
C’est incroyable.
Elodie B : Donc toi, tu as pratiquement tous les troubles de DYS, si j’ai bien compris.
AurĂ©lie RV : Ouais, j’en ai 7. Tu veux que je les dise un peu ?
Elodie B : Tu peux les citer rapidement et ça peut donner un exemple du cocktail qu’on peut avoir.
Aurélie RV : Ouais, ouais, un peu. Moi, je dis souvent que je les collectionne un peu comme les cartes Pokémon, voilà .
Donc moi, je suis dyslexique, donc la dyslexie, difficultĂ© en lecture, dysorthographie, difficultĂ© en orthographe. Alors moi, elle est lĂ©gĂšre, donc ça va. Dysgraphie, pour le coup, qui… ça va, en s’amĂ©liorant, on va dire.
Donc problĂšme en Ă©criture, dyscalculie, problĂšme en mathĂ©matiques, dysphasie, qui est un trouble du langage oral, qui signifie qu’on a des difficultĂ©s et/ou Ă comprendre ce qu’on nous dit Ă l’oral et/ou Ă s’exprimer Ă l’oral.
Alors aujourd’hui, je parle plutĂŽt bien, mais parce que je compense Ă©normĂ©ment.
Et je sais qu’aprĂšs cette vidĂ©o, ce podcast, je serai complĂštement Ă©puisĂ©e, mais ce n’est pas grave, on compense comme on peut.
Elodie B : Merci en tout cas de faire l’effort.
Aurélie RV : Avec plaisir.
La dyspraxie qui engendre du coup des troubles de la coordination des gestes, des problĂšmes aussi d’orientation dans l’espace, pour certains, moi je lâai, c’est pas facile tous les jours, surtout quand il y a des travaux dans la rue et qu’on nous dit : « bah, va ailleurs », par exemple. VoilĂ , et puis plein d’autres problĂšmes.
Et puis les troubles dysexĂ©cutifs qui engendrent des difficultĂ©s de planification des tĂąches, d’organisation, etc.
Et donc, moi, en fait, toutes ces difficultĂ©s-lĂ , je les ai eues aussi bien Ă l’Ă©cole quâau quotidien et au travail. MĂȘme encore aujourd’hui, Ă mon compte.
Donc voilĂ , pourquoi j’en suis arrivĂ©e lĂ ?
Tout simplement, les difficultĂ©s scolaires. J’ai eu beaucoup de difficultĂ©s scolaires. J’ai eu les amĂ©nagements Ă partir de la 5Ăšme suite Ă la loi de 2005.
Qu’est-ce que je peux dire d’autre ?
J’ai eu juste un amĂ©nagement de temps. J’ai eu mon brevet « mention bien » avec option tendinite au poignet droit, justement. Vous aurez compris, voilĂ , je suis droitiĂšre.
Elodie B : Parce que tu as compensé.
AurĂ©lie RV : Et puis, grosso modo, Ă partir de la 1Ăšre S SVT, j’ai commencĂ© Ă avoir un ordinateur. 1Ăšre S, qui s’est malheureusement mal passĂ©e. Puisque, effectivement, ma moyenne en SVT a chutĂ© du fait de ma dyspraxie.
Elodie B : Oui, en fait, il y a toujours un trouble qui va t’empĂȘcher de progresser comme tu le souhaites.
Et donc, si j’ai bien compris de ce que tu m’avais dit en prĂ©parant l’Ă©pisode, non seulement tu as eu des difficultĂ©s pour obtenir un diplĂŽme, mais aussi pour obtenir un emploi. Tu as aussi souffert de discrimination Ă l’embauche.
Aurélie RV : Oui, oui, totalement.
Et c’est justement, je pense aussi, surtout pour ça que, par rapport Ă cette histoire de discrimination Ă l’embauche que je me suis lancĂ©e, puisque, effectivement, un jour, j’ai eu l’appel dâune rĂ©fĂ©rente handicap d’une entreprise dans laquelle j’Ă©tais en stage qui m’a dit, Ă©coute, AurĂ©lie, tu expliques super bien ton handicap. Est-ce que tu ne voudrais pas nous faire un petit exposĂ©, une petite confĂ©rence sur le sujet ?
Donc, j’ai commencĂ© comme ça bĂ©nĂ©volement. Et puis, en fait, comme moi, j’avais souvent des 20/20 en exposĂ©, je savais que j’Ă©tais capable d’expliquer mes troubles et de tĂ©moigner.
Et puis Ă l’Ă©poque, je n’avais pas encore subi la discrimination dans mon dernier stage. Mon stage de fin d’Ă©tude, qui devait durer 6 mois, qui n’en a durĂ© que 2.
Et donc, au final, je savais que mon tĂ©moignage Ă©tait dĂ©jĂ impactant avant mĂȘme d’avoir cette problĂ©matique. Donc, voilĂ , j’ai reçu quand mĂȘme pas mal de commentaires du genre « Ah oui, vous avez les compĂ©tences, mais vous ĂȘtes trop lente, on ne vous prend pas. » ou alors « Ah dĂ©solĂ©, on ne connaĂźt pas les DYS, on ne vous prend pas. » Donc, de la discrimination a lâembauche, effectivement.
Elodie B : Oui, donc du coup, ce qui n’a pas fonctionnĂ© pour toi, ce qui ne t’a pas permis de rentrer dans la vie professionnelle de la maniĂšre dont tu l’avais prĂ©vue, ça t’a permis de crĂ©er en fait ton propre boulot puisquâaujourdâhui, ta fonction, tu vas peut-ĂȘtre nous lister rapidement tes nombreuses fonctions.
Alors, je sais qu’il y en a beaucoup, mais c’est notamment de faire de la sensibilisation dans les entreprises, auprĂšs de formateurs aussi. Je te laisse un petit peu nous expliquer tout ça ?
Aurélie RV : Bien sûr.
Alors, juste pour rappel, du coup, l’entreprise a 7 ans, elle a Ă©tĂ© créée en aoĂ»t 2018.
Donc, du coup, en fait, effectivement, je sensibilise aux troubles DYS au travers de confĂ©rences, d’ateliers dans la peau dâun DYS aussi, parce que ça c’est assez essentiel pour mieux comprendre un petit peu ce qui se passe dans la tĂȘte de ces personnes-lĂ . VoilĂ .
Je fais aussi des confĂ©rences spĂ©cialisĂ©es sur les DYS dans le monde du travail. Et ça, franchement, c’est vraiment un succĂšs. D’ailleurs, je l’ai fait notamment plusieurs fois, pour la SNCF, par exemple. J’ai quand mĂȘme pas mal de gros clients, malgrĂ© tout.
Je suis assez fiĂšre parce que j’avoue que quand j’ai commencĂ©, je ne pensais pas avoir autant de gros clients.
Elodie B : Donc, tu constates qu’il y a quand mĂȘme une ouverture de la part de ces entreprises pour comprendre et pour amĂ©liorer finalement ce qu’elles ne savent peut-ĂȘtre pas encore bien faire pour intĂ©grer les personnes qui ont, comme on dit, des besoins particuliers ?
Aurélie RV : Oui, tout à fait.
Moi, je trouve que vraiment, ce qui est essentiel, c’est de comprendre un peu ce que vit l’autre et donc de pouvoir l’aider avec des outils. Aujourd’hui, on a la chance d’avoir des outils numĂ©riques. Heureusement. Moi, ce qui m’a sauvĂ©e, c’est vraiment le numĂ©rique, sinon, je pense que je ne serai pas Ă mon compte.
Sâil fallait tout faire les papiers Ă la main, je n’en pourrais plus, je pense. Mais oui, non, je pense que c’est ouvrir un peu les chakras lĂ -dessus et puis se dire qu’effectivement, on a des personnes DYS, mais en fait, ça peut ĂȘtre carrĂ©ment des qualitĂ©s, etc.
AprĂšs, je fais aussi donc autre chose qui n’a rien Ă voir avec… Enfin, qui a Ă voir avec les DYS, mais qui n’a rien Ă voir avec du coup la sensibilisation, c’est des choses par rapport Ă l’accessibilitĂ© numĂ©rique, mais pas que l’accessibilitĂ© aux DYS.
Donc ça peut ĂȘtre par exemple, je vais dans un musĂ©e ou dans un chĂąteau et je vais voir ce qui ne va pas et comment on peut amĂ©liorer les choses, amĂ©liorer l’expĂ©rience de ces personnes-lĂ .
Ensuite, ce que je peux avoir aussi, ça va ĂȘtre par exemple des tests utilisateurs d’application, par exemple. J’en fais quand mĂȘme assez rĂ©guliĂšrement. VoilĂ , donc en fait, tester les choses pour se rendre compte et puis permettre d’avoir des sites web accessibles.
Mon mĂ©tier premier Ă la base, c’Ă©tait dĂ©veloppeuse. Et le nombre de sites web que j’ai vus et que je vois encore qui ne sont pas du tout accessibles Ă nous, mais c’est Ă©norme.
Elodie B : Finalement, que ce soit en entreprise ou pour par exemple des musĂ©es, des sites web, etc., tu remplis le rĂŽle d’utilisatrice DYS tĂ©moin qui va permettre d’amĂ©liorer l’expĂ©rience ?
AurĂ©lie RV : C’est ça, ouais, totalement.
Et puis, du coup, évidemment, je fais de la sensibilisation aussi au grand public, donc au travers de mon livre.
Elodie B : Tu peux nous en dire quelques mots, justement, sur ton livre ? Qu’est-ce qui t’a donnĂ© envie d’Ă©crire ce livre ?
AurĂ©lie RV : DĂ©jĂ , mon expĂ©rience. Alors, il y en a qui m’ont dit, mais AurĂ©lie, tu n’es pas assez vieille pour Ă©crire un livre. Bon, aujourd’hui, j’ai 34 ans. J’ai mis 3 ans et quelques mois pour Ă©crire ce livre. Donc, ce n’est pas une mince affaire. Ăa mâa fait passer aussi par des Ă©motions.
Elodie B : Donc, tu voulais raconter non seulement ton expĂ©rience, mais aussi donner vraiment des clĂ©s, des astuces, puisquâil est vraiment aussi pratique.
Aurélie RV : Ouais, totalement.
Et j’ai fait en sorte quâon puisse avoir aussi bien le livre papier que le livre audio, que l’e-book dans le mĂȘme livre papier. Et surtout, il y a un super truc, on parlait d’accessibilitĂ© tout Ă l’heure.
« Arial 12 aligné à gauche. »
Aligné à gauche parce que certains dyslexiques ont du mal avec le justifié. Et ça, beaucoup ont du mal à le comprendre.
Elodie B : Les espacements de mots ne sont pas toujours les mĂȘmes.
Aurélie RV : Exactement.
Elodie B : Bon, et donc, si je reviens sur l’ensemble de tes activitĂ©s, et encore, je ne sais pas si tu me les as toutes citĂ©es.
Aurélie RV : Si, je pense. Ah si, la formation aussi.
Elodie B : Ah, la formation.
Aurélie RV : La formation aux formateurs et aux entreprises.
Elodie B : Ne serais-tu pas un petit peu hyperactive aussi, quand je vois tout ce que tu fais ?
AurĂ©lie RV : Si, justement, TDAH, je n’ai pas honte.
Elodie B : Non, parce que tu ne me l’avais pas citĂ© tout Ă l’heure.
AurĂ©lie RV : Ah, je ne l’avais pas citĂ©. Oh, pardon. Toutes mes excuses. đ€Ł
Elodie B : Mais ça se sent un petit peu aussi, qu’effectivement, on voit que tu as Ă©normĂ©ment d’idĂ©es.
AurĂ©lie RV : Mon cerveau est un feu d’artifice.
Elodie B : Oh, c’est joli ça.
AurĂ©lie RV : C’est ce que m’a dit une fois une dame qui Ă©tait venue Ă une de mes confĂ©rences qui m’avait dit « Madame, votre cerveau, c’est un feu d’artifice. Vous ĂȘtes un feu d’artifice. » Ah, ça m’a fait plaisir.
Elodie B : C’est une belle image et je pense que beaucoup de parents et peut-ĂȘtre d’enfants, je ne sais pas s’il y a des enfants qui Ă©coutent le podcast, mais probablement des parents, beaucoup de parents vont probablement s’y retrouver dans cette image du feu d’artifice parce qu’on entend souvent, justement, des parents nous dire que leur enfant a 10 idĂ©es Ă la minute, qu’il commence plein de choses, mais qu’il ne les termine pas, que ça paraissait plus dans tous les sens.
AurĂ©lie RV : J’ai quand mĂȘme rĂ©ussi Ă le terminer.
Elodie B : Comme quoiâŠ
AurĂ©lie RV : J’ai mĂȘme Ă©tĂ© primĂ©e pour ce livre, c’est ça qui est Ă©norme.
Elodie B : FĂ©licitations. Alors justement, j’en viens Ă ma question suivante.
Parmi toutes ces activitĂ©s, j’imagine que tes troubles, tu as rĂ©ussi Ă les canaliser, Ă les compenser, etc. Comme tu disais, parfois tu es trĂšs fatiguĂ©e aprĂšs, mais est-ce qu’il y a des choses qui te posent encore problĂšme dans ton quotidien et donc dans tes activitĂ©s ?
Et comment est-ce que tu fais pour justement les contourner, les surmonter ?
AurĂ©lie RV : Moi, il y a une chose qui me pose problĂšme. Et ça peut paraĂźtre un peu paradoxal pour quelqu’un qui est chef d’entreprise. C’est l’organisation.
Alors bon, heureusement, je mâaide beaucoup de ChatGPT, notamment. J’utilise aussi Google Keep pour faire des listes de tĂąches.
Ăa peut m’arriver aussi, par exemple, pour crĂ©er mon livre, dâutiliser Trello avec la mĂ©thode Kanban.
D’ailleurs, j’en parle dans mon livre, dans les trucs et astuces.
La mĂ©thode Kanban, le principe câest de faire une seule tĂąche Ă la fois, on ne s’Ă©parpille pas. Alors, il y a des fois, malheureusement, c’est compliquĂ© de ne pas s’Ă©parpiller :
Parce qu’en fait, il faut faire ci.
Et puis d’un coup, on a un appel, boum, il faut traiter l’urgence, le devis Ă faire, machin, tac, tac, tac.
D’ailleurs, les devis me prennent Ă©normĂ©ment de temps parce que forcĂ©ment, il faut faire toutes les recherches et puis il faut calculer les prix et puis il faut comparer.
Alors bon, il y a des fois oĂč je mâaide quand mĂȘme de ChatGPT pour aller plus vite, mais j’aime bien faire des recherches. J’avoue, c’est quelque chose qui me stimule, en fait.
Du coup, je pense quâeffectivement, faire un devis, pour moi, c’est plus long que pour une personne qui n’a pas les troubles DYS.
Elodie B : Oui, mais en fait, ce qui est intĂ©ressant, c’est qu’il est possible d’avoir des problĂ©matiques d’organisation, de planification des tĂąches et pour autant, d’ĂȘtre chef d’entreprise, d’Ă©crire un livre, ce sont peut-ĂȘtre des choses qui vont demander plus de ressources, qui vont peut-ĂȘtre ĂȘtre plus coĂ»teuses, mais en tous les cas, c’est possible.
Ce que je trouve intĂ©ressant, c’est de se dire, il ne faut pas se mettre de barriĂšre.
AurĂ©lie RV : C’est ça. En fait, si t’as un rĂȘve, vas-y, fonce ! Moi, lĂ , tu vois, je suis sur un gros projet autour de la Maison de l’Ădition. Donc, j’ai envie de monter ma propre Maison d’Ădition accessible et du coup, le prix que j’ai reçu avec les TalentĂ©o Awards 2025 pour mon livre, ça me motive encore plus.
Ăa veut dire qu’en fait, ce que je fais, ce n’est pas tombĂ© dans l’oreille d’un sourd.
đ Petite dĂ©dicace Ă mon ami Vivien, qui est sourd.
Mais bref, voilĂ , tout ça pour dire qu’en fait, ce projet-lĂ , il fait partie de quelque chose qui me tient vraiment Ă cĆur, parce que j’en ai marre, de voir des livres que j’aimerais bien lire et que je ne peux pas lire, en fait.
Je me sens empĂȘchĂ©e de lire certains livres qui ne sont pas au format audio.
Alors, tout ce qui est format audio, c’est OK, nickel, je suis tranquille.
Mais tous ceux qui ont juste un format papier et e-book, moi, le e-book, je n’y arrive pas. Ăa m’insupporte, le e-book.
L’audio, je trouve, il y a une certaine Ăąme, tu vois, au livre. Et le papier aussi. Dâailleurs, le livre au papier, je ne le voyais pas sans les dessins de ma petite sĆur.
Petite sĆur d’ailleurs, qui est TDAH et dyscalculique, comme quoiâŠ
Elodie B : D’accord, c’est souvent de famille.
AurĂ©lie RV : Elle n’a pas hĂ©ritĂ© de la dyslexie, heureusement.
Elodie B : Mais alors, bon, si j’en reviens⊠on voit bien qu’on a des difficultĂ©s Ă suivre la trame. Mais ce n’est pas grave, c’est aussi le charme.
Non, mais il n’y a pas de problĂšme đ.
Mais justement, moi, je trouve que c’est le charme aussi de cet Ă©pisode, parce que je suis sĂ»re qu’il y a beaucoup de personnes qui vont se retrouver dans le fait de dire il faut se recadrer.
« Qu’est ce qu’on disait au fait ? »
Ce qu’on se disait, c’est que rien n’est impossible. On ne va pas utiliser les mĂȘmes outils. Effectivement, tu faisais une dĂ©dicace Ă un ami sourd.
Alors, on peut en profiter pour prĂ©ciser que la transcription de ce podcast sera faite pour justement ĂȘtre adaptĂ©e pour des publics sourds, dysphasiques, etc.
Aurélie RV : Exactement !
Donc ça, c’est vraiment quelque chose en plus que nous, on n’a pas l’habitude de faire. Donc, c’est aussi une collaboration avec toi qui permettra que cet Ă©pisode soit encore plus accessible.
Aurélie RV : Accessible au plus grand nombre.
Elodie B : Exactement. Et pour nous, c’est une richesse de pouvoir aussi dĂ©couvrir des nouvelles maniĂšres de s’adresser Ă l’ensemble des publics.
Et donc, si je reviens sur les Ă©lĂ©ments qui peuvent te causer des difficultĂ©s dans ton travail, donc on a bien compris qu’il y a l’organisation, qu’il y a les difficultĂ©s avec les distractions ou avec les choses qui viennent perturber un petit peu quand tu es dans une tĂąche, effectivement, et qu’un appel arrive ou autre. Pas Ă©vident de se dire non, non, je reste sur ce que je fais et je rĂ©pondrai plus tard, ce qui est le cas de beaucoup de personnes. Mais je pense que c’est vraiment accru chez les personnes qui ont un trouble de l’attention.
Et alors, les mĂ©thodes que tu utilises pour pouvoir justement t’organiser. Donc, tu as parlĂ© de ChatGPT, tu as parlĂ© de la mĂ©thode Kanban. Est-ce que tu peux nous donner d’autres trucs comme ça qui t’aident ?
Aurélie RV : Oui, alors la méthode Pomodoro.
La mĂ©thode Pomodoro, c’est une mĂ©thode, bon alors, la tomate en italien pour ceux qui ont fait italien LV2 ou LV3 ou je nâen sais rien ou qui ont italien en premiĂšre langue.
Donc la mĂ©thode Pomodoro, ça consiste Ă faire 25 minutes d’exercice en concentration, dâexercer son travail pendant 25 minutes et ensuite tu as 5 minutes de pause, donc 25 minutes, 5 minutes de pause jusqu’Ă 4 pomodori.
Je crois qu’on dit ça comme ça, je mâexcuse si jamais il y a des italiens qui vont me jeter des tomates.
Elodie B : Donc jusqu’Ă 4 fois 25 minutes.
AurĂ©lie RV : C’est ça. Et donc jusqu’Ă 4 fois ça, aprĂšs on fait Ă peu prĂšs un quart d’heure de pause et puis aprĂšs on reprend. En gros, toutes les 2 heures t’as une pause.
Elodie B : Ouais, on va découper les tùches.
AurĂ©lie RV : C’est ça, parce que quelqu’un qui a des difficultĂ©s, que ce soit les DYS et TDA/H, la difficultĂ© de concentration est telle que, en fait, on ne peut pas ĂȘtre autant concentrĂ© que quelqu’un qui n’a pas de trouble DYS ou qui n’a pas de TDA/H parce que, en fait, ça nous pompe de l’Ă©nergie. Donc au bout d’un moment, on a besoin d’une pause.
Et les 5 minutes de pause, alors ça peut ĂȘtre des pauses oĂč on ferme juste les yeux, ça peut ĂȘtre des pauses oĂč on voit un coup, ça peut ĂȘtre des pauses oĂč on va se balader parce qu’Ă©tant trop, trop assis, il faut que le corps s’active. Le cerveau et le corps sont gĂ©nĂ©ralement bien faits et donc le fait de bouger ça rĂ©active les zones du cerveau.
Et donc l’idĂ©e, ça va ĂȘtre vraiment ça de se dire OK, c’est bon, j’ai fait 25 minutes, maintenant je peux reprendre. Il ne faut pas que la tĂąche paraisse comme un bloc.
Il y a quelque chose Ă faire aussi, c’est de dĂ©velopper les grandes tĂąches en plusieurs petites. Ăa, c’est super important !
Elodie B : On ne se laisse pas décourager par la montagne à gravir, mais on va y aller pas à pas.
AurĂ©lie RV : Câest ça. Moi, je donne toujours lâexemple de la plongĂ©e sous-marine ou des niveaux dans les jeux vidĂ©o. Parce qu’en fait, tu as toujours des paliers de dĂ©compression.
D’ailleurs, j’en parle dans mon livre. Quand j’ai passĂ© le BTS, c’est un peu comme ça que je l’ai vu et que je l’ai pris.
- Ok, un exercice.
- Pouf, je me prends une petite pause snack et puis aprĂšs, j’avance.
- J’avance petit Ă petit. Je ne fais pas tout dâun seul bloc.
Alors, bien sĂ»r, je lis les premiĂšres pages et puis aprĂšs, voilĂ . Mais voilĂ , c’est Ă©tape par Ă©tape, niveau par niveau. PlutĂŽt que de voir cette tĂąche comme un gros gĂąteau, comme Obelix, lĂ .
Lui, ça ne le dérange pas. Obelix, coupe 3 parts, voilà . On a dit trois parts, Obelix. Bah ouais, mais non, lui, il est gourmand, quoi.
Et pour les autres, je peux te dire que AstĂ©rix et Panoramix, ils ne sont pas contents dâavoir autant de gĂąteau.
Elodie B : Alors, pour le trouble de l’attention et l’organisation, la planification, on voit un petit peu comment tu t’organises.
Moi, ce qui m’a aussi beaucoup intriguĂ©e quand on a commencĂ© Ă Ă©changer, c’est de savoir que tu as un trouble du langage. Parce que comme tu disais, tu es confĂ©renciĂšre. Donc tu utilises quand mĂȘme beaucoup de langage, aussi bien en Ă©mission quâen rĂ©ception.
Ăa a Ă©tĂ© quoi ton parcours par rapport à ça ?
AurĂ©lie RV : Le langage, pour moi, ça a Ă©tĂ© compliquĂ© dans le sens de rĂ©ception et expression aussi, quand mĂȘme. Alors, moi, j’ai Ă©tĂ© diagnostiquĂ©e Ă l’Ăąge de 10 ans.
Et ma phoniatre… Moi, j’ai Ă©tĂ© voir une phoniatre, donc j’ai cette chance. La phoniatre qui s’occupait de tout ce qui Ă©tait phonation, mais elle n’Ă©tait pas que phoniatre, elle Ă©tait aussi orthophoniste, aussi psychiatre. D’ailleurs, elle Ă©tait dyslexique, soit dit en passant.
Elodie B : On peut ĂȘtre phoniatre, orthophoniste en Ă©tant dyslexique.
AurĂ©lie RV : VoilĂ , c’est ça. C’est assez marrant.
Elodie B : Et donc, c’est ta phoniatre qui t’a accompagnĂ©e aussi pour le trouble du langage ?
AurĂ©lie RV : VoilĂ , pour mon trouble du langage orale.Et heureusement qu’elle Ă©tait lĂ , parce que je me souviens dâune chose quâelle mâavait dit une fois câĂ©tait : « AurĂ©lie, on ne dit pas quel or, on dit quelle heure. »
Du coup, or et heure, pour moi, c’Ă©tait assez proche phonologiquement. Alors, ajoute à ça, en plus, une dyspraxie de phonation.
Elodie B : Sinon, ce n’est pas drĂŽle.
AurĂ©lie RV : Sinon, ce n’est pas drĂŽle.
Elodie B : Donc, juste pour expliquer, la dyspraxie de phonation, ça va se caractĂ©riser par des difficultĂ©s pour articuler de la maniĂšre dont c’est attendu.
AurĂ©lie RV : Ouais, la diction, la phonation… Enfin bref, ça peut ĂȘtre compliquĂ©.
Donc, j’ai fait de l’orthophonie, aussi, bien plus tard, par rapport à ça. Et d’ailleurs, c’est une de mes orthophonistes qui m’a appris Ă sourire đ.
Elodie B : Câest amusant ça !
AurĂ©lie RV : Aujourd’hui, je sais sourire. Et c’est Ă force de faire des iou-iou pendant quelques annĂ©es devant la glace pour muscler mes joues.
Elodie B : Ouais, comme quoi, avec de la persévérance et un bon accompagnement, on peut y arriver.
Aurélie RV : Totalement.
Et donc, du coup, j’ai fait du théùtre amateur, aussi, pendant plus de 10 ans. Et ça m’a vraiment apportĂ© beaucoup. Et notamment, aussi, au niveau de la dyspraxie, sur la conscience de mon corps dans l’espace.
Je n’ai pas fait beaucoup de sĂ©ances de psychomotricitĂ© avant aujourd’hui. Parce que maintenant, jâen refais. Comme quoi, on peut avoir 34 ans et aller chez le psychomotricien.
Mais voilĂ , j’ai repris parce que j’avais eu des problĂšmes Ă la cheville et puis qu’on m’avait dit « bah oui, mais en fait, AurĂ©lie, lĂ , vous n’arriverez pas dans votre kinĂ© parce qu’en fait, il y a votre problĂšme de conscience du corps dans l’espace qui ne va pas bien. »
Donc, letâs go c’est parti voir un psychomotricien.
Elodie B : Donc ça peut avoir des impacts sur beaucoup de choses.
AurĂ©lie RV : Ah oui, totalement. Que ce soit la kinĂ©, que ce soit le sport. Le sport pour la dyspraxie, c’est compliquĂ© !
Elodie B : Et donc, pour en revenir aux troubles du langage oral, donc, phoniatre, théùtre, beaucoup de travail.
Aurélie RV : Ouais.
Elodie B : Beaucoup de travail et de patience, j’imagine.
Aurélie RV : Ouais, totalement.
Et puis, à force de répétition, répétition.
Au niveau de la comprĂ©hension Ă l’oral, ça peut ĂȘtre aussi compliquĂ© pour moi. Ăa, vraiment, les rĂ©unions tĂ©lĂ©phoniques, par exemple, passer un appel, ça peut ĂȘtre compliquĂ©.
Alors, la visio, c’est diffĂ©rent parce qu’en plus, au niveau orientation d’espace, en fait, le cadre est rĂ©duit. Mais en fait, ça peut ĂȘtre vite compliquĂ© en rĂ©union quand il y a beaucoup de personnes.
Elodie B : Ăa fait autant de distractions, en fait.
AurĂ©lie RV : Ouais, c’est ça. Et moi, j’ai du mal Ă regarder les gens dans les yeux. Quand ils me parlent, ça peut paraĂźtre un peu « elle nâen a rien Ă faire de ce que je raconte » alors qu’en fait, si, totalement. Et c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je me suis faite virer de stage en deuxiĂšme annĂ©e de master.
Elodie B : OK. Donc, bon, là , tu nous as donné des idées et des trucs pour pouvoir surmonter un petit peu ces difficultés dans ton quotidien professionnel. Tu nous as aussi parlé un peu de ton accompagnement thérapeutique.
Et quel accompagnement familial tu as eu par rapport Ă tes troubles ? Comment ça s’est passĂ© avec tes parents ? Je crois que tu as une petite sĆur. Comment ça s’est passĂ© ?
AurĂ©lie RV : J’ai un petit frĂšre aussi.
En fait, plutĂŽt bien.J’ai la chance d’avoir des parents, d’ailleurs, dĂ©dicace Ă mes 2 parents.Mes parents ont toujours Ă©tĂ© sympas par rapport Ă mes notes.Ils mâont toujours dit : « OK, ce n’est pas grave, tu as eu des mauvaises notes, tu feras mieux la prochaine fois ».
Elodie B : Ils Ă©taient bienveillants par rapport au fait que tu n’avais peut-ĂȘtre pas des super notes, tu faisais ce que tu pouvais.
AurĂ©lie RV : Ouais, au niveau de l’Ă©cole, c’est vrai qu’il y a aussi [les parents qui emmĂšnent leurs enfants chez les spĂ©cialistes]. D’ailleurs, petite dĂ©dicace Ă tous les parents d’enfants DYS, chapeau Ă vous parce que vous ĂȘtes trĂšs souvent sollicitĂ©s pour emmener les enfants chez l’orthophoniste, chez l’ergothĂ©rapeute, chez plein de spĂ©cialistes.
Et force Ă vous, force Ă vous, vraiment, force Ă vous.
Parce que je sais que ce n’est pas facile, mais ce n’est pas facile non plus pour les enfants parce que forcĂ©ment, c’est une surcharge Ă©norme au niveau cognitif parce qu’on est tout le temps dans la surcharge, dans la surcharge, dans la surcharge. Ăa fait du bien aussi des moments de pause de temps en temps, aussi bien pour l’enfant que pour les parents.
Et surtout, moi, il y a un message que j’aimerais faire passer vraiment pour les parents, c’est qu’effectivement, vous ĂȘtes les parents de vos enfants. C’est un fait.
Mais les parents, tout autant que les enfants ont besoin d’ĂȘtre Ă©coutĂ©s. Vous avez besoin d’ĂȘtre Ă©coutĂ©s, vous avez besoin de vous confier. Vous n’ĂȘtes pas seuls. Il y a quand mĂȘme plus de 7 millions de personnes en France qui sont DYS, donc vous n’ĂȘtes pas seuls. Et peut-ĂȘtre que vous-mĂȘme, vous ĂȘtes DYS et vous avez des enfants DYS.
Ăa peut ĂȘtre compliquĂ©, mais vous n’ĂȘtes pas seuls et en parler, Ă©couter des tĂ©moignages comme le mien, sans vouloir me vanter, bien sĂ»r, mais Ă©couter des tĂ©moignages comme d’autres personnes qui ont avant ou aprĂšs moi tĂ©moignĂ©es, c’est hyper enrichissant.
Autour de moi jâai des parents qui me disent : « au secours AurĂ©lie, je ne sais plus quoi faire ». AurĂ©lie, elle est lĂ pour redonner un peu d’espoir, pour dire que, en fait, ok [il y a des difficultĂ©s mais il y a aussi des forces].
Souvent, les DYS eux-mĂȘmes ne se rendent pas compte de ça. Mais en fait, il y a tellement de stigmatisation, de moqueries, etc. Moi-mĂȘme, j’ai vĂ©cu du harcĂšlement pendant pratiquement toute ma scolaritĂ©, en fait, du CP Ă la derniĂšre annĂ©e de master. Donc, ça commence Ă faire beaucoup. Ăa a beaucoup pesĂ© dans la balance. Et c’est aussi pour ça que j’ai tĂ©moignĂ© dans mon livre, parce que je n’ai pas envie que ça se reproduise, en fait.
Mais si ça se reproduit, eh bien, qu’ils aient les clĂ©s, justement, pour agir. Aujourd’hui, on a la chance d’avoir des numĂ©ros verts. Moi, Ă mon Ă©poque, je ne connaissais pas tout ça. Enfin, franchement, si j’avais connu ça, je pense que ça se serait passĂ© vraiment autrement, clairement. Mais en tout cas, vraiment, [malgrĂ©] la stigmatisation, n’oubliez pas que, OK, vous avez des difficultĂ©s, mais surtout, vous avez des forces.
Et souvent, c’est l’image de lâiceberg.
On a des difficultĂ©s. Les difficultĂ©s, c’est la partie Ă l’air libre et la grande partie en dessous, c’est toutes les forces.
Et souvent, les forces sont enfouies en nous, mais on ne les voit pas parce qu’on est tellement obnubilĂ© par ces difficultĂ©s qu’on en oublie nos forces, alors qu’en fait, nos forces, c’est des super pouvoirs.
C’est des super pouvoirs, parce que ça va nous permettre, par exemple, d’ailleurs [de rééduquer].
Et d’ailleurs, c’est pour ça que je vais parler aux parents qui se posent peut-ĂȘtre la question de pourquoi faut-il parfois faire un bilan de QI, eh bien, tout simplement, non pas pour dire oui, il y a des difficultĂ©s. Alors, oui, ça peut ĂȘtre effectivement pour infirmer ou confirmer un diagnostic de dĂ©ficience intellectuelle, mais c’est aussi pour voir oĂč sont les difficultĂ©s et les forces, surtout les forces et qualitĂ©s, parce qu’on va s’en servir gĂ©nĂ©ralement pour rééduquer.
Moi, clairement, ma force, c’est l’oral, malgrĂ© que je sois dysphasique, c’est assez paradoxal. Mais par rapport Ă l’Ă©crit, moi, j’ai une maĂźtresse.
Je me souviens qu’elle m’avait dit : « mais AurĂ©lie, mais moi, je me souviens, quand vous Ă©tiez petite, ce qui m’a bluffĂ©e, c’est le fait que c’Ă©tait compliquĂ© Ă l’Ă©crit, mais Ă l’oral, qu’est-ce que vous Ă©tiez bonne Ă l’oral ! »
Elodie B : Super, ça veut dire que tu sais que tu peux t’appuyer lĂ -dessus.
Aurélie RV : Ah mais totalement !
Elodie B : Mais ça fait une trÚs bonne transition, parce que justement, je voulais te demander quel conseil tu donnerais aux familles qui voudraient faire des choses dans leur quotidien pour aider leurs enfants, dans leur scolarité, pour préparer leur future vie professionnelle.
Donc effectivement, on comprend bien que mettre en avant ses forces et pas uniquement ses difficultĂ©s, ça, ça va Ă©normĂ©ment l’aider. Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir d’autre comme conseil qu’on pourrait donner aux parents ?
AurĂ©lie RV : DĂ©jĂ , premiĂšre chose, vraiment premiĂšre chose, parce que, Ă©videmment, on a un enfant, il ne naĂźt pas avec la notice, quel que soit l’enfant d’ailleurs, mais encore plus pour les enfants DYS et TDA/H, c’est de se dire, OK, j’essaye de mieux comprendre mon enfant.
Quand on comprend l’enfant, quand on comprend mĂȘme son conjoint, on va parler au-delĂ de la parentalitĂ©, quand on comprend son conjoint, la personne avec qui on vie, eh bien, c’est beaucoup plus facile de rentrer en contact avec elle et de l’aider en fait.
Elle-mĂȘme, parfois, sait ce qui est mieux pour elle.
Alors moi, par exemple, je sais que jâai mon bazar organisĂ©. Et quand je range, le problĂšme, c’est que je ne trouve rien. Et pourtant, j’ai rangĂ© ça Ă un endroit logique.
Elodie B : Oui, parce que tu t’y retrouves. Tu t’y retrouves dans ton bazar.
AurĂ©lie RV : VoilĂ , c’est ça. C’est un peu comme l’atelier. Tu sais, quand tu es dans un atelier, tout qui est visible, eh bien moi, c’est mon atelier en fait.
Elodie B : Donc la premiĂšre chose, c’est effectivement de bien comprendre comment fonctionne son enfant, qu’est-ce qui marche, qu’est-ce qui l’aide, lĂ oĂč il a des ressources, qu’est-ce qu’il aime faire.
AurĂ©lie RV : C’est ça.
Mais moi, tu vois, lĂ , par exemple, je te parle de ça parce qu’il n’y a pas trĂšs longtemps, il y a mon mari qui m’a dit : « Mais AurĂ©lie, range tes affaires, range ton bureau⊠»
« Ah, mais par quoi je commence ? » Tiens, boum, allez, les dysexécutifs.
Et une fois que je suis lancée, ça va mieux.
Elodie B : Oui, il faut démarrer.
AurĂ©lie RV : Il faut juste un…
Ce n’est pas range ta chambre. C’est OK, bon, je vais t’aider Ă ranger ta chambre si tu le souhaites. Et OK, comment tu peux faire, par quoi tu peux commencer ?
En fait, on a besoin d’un cadre. On a besoin d’ĂȘtre guidĂ©, des fois.Pas tout le temps, parce que ça ne sert Ă rien d’infantiliser la personne qui est DYS.
En fait, on le sait en gĂ©nĂ©ral quand on a besoin d’aide.
AprĂšs, il y a des fois oĂč il y en a qui sont plus rĂ©ticents que d’autres Ă avoir de l’aide. Et d’ailleurs, en entreprise, je rappelle qu’il y a la RQTH (Reconnaissance de la QualitĂ© de Travailleur HandicapĂ©), qu’on peut avoir le droit quand on est DYS et qu’il ne faut pas hĂ©siter Ă le dire, dire mĂȘme si effectivement c’est un handicap invisible.
Je rappelle qu’effectivement, il y a beaucoup de personnes qui sont DYS ou qui ont des handicaps invisibles, qui n’osent pas dire qu’ils sont avec une RQTH, qui finalement se retrouvent Ă ĂȘtre, en burn-out.
Elodie B : Et donc le fait de bien connaĂźtre son enfant, ça va aussi permettre, par exemple justement, quand on lui demande de faire une tĂąche, de savoir s’il est capable de le faire simplement avec cette instruction, ou s’il faut lui donner le mode d’emploi, ou s’il faut l’aider Ă dĂ©marrer ou lui donner des Ă©tapes.
AurĂ©lie RV : Ou mĂȘme lui dire, est-ce que tu as besoin d’aide ? Comment tu veux que je t’aide ?
Elodie B : Communiquer.
AurĂ©lie RV : Communiquer, c’est ça. Et puis, si par exemple c’est compliquĂ© pour eux, le langage oral, il y a aussi le Makaton qui peut aider.
Elodie B : Tu peux détailler un petit peu plus ?
AurĂ©lie RV : Alors, je ne suis pas experte du sujet. Mais, grosso modo, c’est un langage un peu particulier avec des images, avec des icĂŽnes qui permet de parler un peu plus efficacement. AprĂšs, il y a aussi la Langue Française ParlĂ©e ComplĂ©tĂ©e
Elodie B : Quand on a des difficultĂ©s de comprĂ©hension et d’expression. ça peut permettre de s’exprimer, de se faire comprendre diffĂ©remment.
AurĂ©lie RV : C’est ça. Et puis, il y a des fois oĂč on n’arrive pas Ă trouver les mots, donc, on contourne. Moi, un jour, je cherchais le mot « toit », je n’ai pas rĂ©ussi, j’ai dit « couvercle ».
Elodie B : Ben voilĂ .
Et pour terminer cet Ă©change, est-ce que tu pourrais citer, en plus de ton livre, quelques ressources ou quelques lectures pour les personnes qui voudraient s’informer et aller un petit peu plus loin sur ce sujet ?
AurĂ©lie RV : Ouais, alors moi, je recommande un livre qui est de… [cherche]
Alors, je n’ai plus le nom en tĂȘte, malheureusement.
Ah si, je l’ai.
Je l’ai lĂ .
Heureusement, j’ai ma cachette đ€Ł.
Ăa s’appelle donc « Neuro-psychologie et stratĂ©gie d’apprentissage concrĂštement que faire ? – Comprendre les fonctions cognitives pour mieux accompagner les Ă©lĂšves en difficulté ». C’est aux Ă©ditions Tom Pousse. C’est Ă©crit par RĂ©mi Samier et Sylvie Jacques qui sont tous 2 orthophonistes en libĂ©ral.
Elodie B : Ok.
Aurélie RV : Il y a ça.
Il y a aussi, pour les parents qui se posent, des questions, Ă©videmment, sur les dĂ©marches MDPH. Parce qu’Ă©videmment, il y en a beaucoup qui me posent des questions, mais moi je ne suis pas la reine de l’administration, de l’administratif, plutĂŽt.
Et donc, il y a un livre de Fabienne Henry, que je salue d’ailleurs, qui est aux Ă©ditions Dunod. Dans son livre elle parle des dĂ©marches qu’on peut mettre en place, de ce qu’on peut faire quand on a un enfant diffĂ©rent. Son livre sur le sujet sâappelle « Guide du parcours scolaire de l’enfant diffĂ©rent ».
Et puis, la série des 100 idées chez Tom Pousse.
Des 100 idĂ©es pour accompagner les DYS. Jâai notamment une de mes partenaires qui est graphothĂ©rapeute. Donc, pour ceux qui ne savent pas, c’est des personnes qui rééduquent au niveau de l’Ă©criture, au sens des seins des lettres, qui avaient Ă©crit 100 idĂ©es pour accompagner les dysgraphiques ou quelque chose comme ça. Mais il y en a plein. Il y a les dysorthographies, les dyslexies, enfin tout… VoilĂ , les 100 idĂ©es, c’est pas mal. Je trouve qu’ils sont plutĂŽt bien faits. Il n’y a pas besoin de les lire de A Ă Z ou quoi que ce soit. On peut commencer par la cinquantiĂšme idĂ©e, par exemple, et revenir Ă la premiĂšre, la deuxiĂšme.
Elodie B : Oui, c’est pratique et on peut picorer en fonction du besoin.
Aurélie RV : Exactement.
Et c’est ce que je fais souvent, parce que moi, je n’aime pas lire les livres en papier de bout en bout.
Alors, est-ce qu’on parle un peu de TDAH ou pas ?
Elodie B : Si tu veux.
Aurélie RV : Allez.
Eh bien, je vais vous recommander le livre de Catherine Testa, qui est une amie Ă moi, qui a sorti son livre qui s’appelle « TDA/H Et alors ? » que je n’ai pas encore fini de lire, mais que j’ai bientĂŽt fini de le lire. Il me reste, allez… je ne sais pas, peut-ĂȘtre une cinquantaine de pages, je crois.
Elodie B : Ok, « TDA/H Et alors ? » de Catherine Testa. Eh bien, on prend note aussi.
Merci beaucoup, Aurélie.
Je pense que cet Ă©change, ton expĂ©rience, tes idĂ©es et puis ta spontanĂ©itĂ©, ta fraĂźcheur vont donner de l’entrain pour cette rentrĂ©e scolaire, des idĂ©es pour affronter aussi l’annĂ©e, parce qu’on sait que ce n’est pas toujours facile de redĂ©marrer une nouvelle annĂ©e scolaire pour des parents… avec des nouveaux profs, avec un nouvel encadrement, etc. Donc c’est bien de partir armĂ©s. On espĂšre qu’avec toutes ces idĂ©es, ça aidera les parents Ă redĂ©marrer l’annĂ©e et Ă accompagner leur enfant au mieux.
Aurélie RV : Totalement.
Elodie B : à bientÎt, Aurélie.
Aurélie RV : Merci.
Elodie B : Merci beaucoup.
Aurélie RV : Merci beaucoup à toi.
Elodie B : CâĂ©tait D comme DYS, un podcast produit par Poppins en collaboration avec la FĂ©dĂ©ration Française des DYS et la MAE.
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Ă bientĂŽt.