Aurélie RENARD-VIGNELLES : Bonjour et bienvenue sur ce nouveau podcast de 6foisdys.
Vous connaissez peut-être « Le jeu de la Dame », cette série Netflix qui a fait un carton depuis sa sortie en octobre 2020. Eh bien aussi « fou » que cela puisse paraître, comme l’héroïne de la série, Beth Harmon, je joue aux échecs.
Qui l’aurait cru il y a un peu plus de 20 ans, alors que j’avais de grosses difficultés à appréhender ce jeu, à cause de la notion de coordonnées et des fameuses diagonales qui me jouent encore parfois des « Tours » 😉, aujourd’hui !
Avant d’arriver à jouer, il m’a fallut comprendre l’origine et le sens de ce jeu comprenant 64 cases (noires et blanches) et 32 pièces (16 de chaque côté).
Le jeu d’échecs serait d’origine asiatique et aurait été introduit dans le Sud de l’Europe à partir du Xème siècle par les Arabes. Mais saviez-vous que ce jeu représente en fait, un jeu de guerre ?
En effet, on y retrouve le Roi qui peut avancer dans toutes les directions d’une seule case, qui est également celui que l’adversaire doit « mater », la Dame qui elle, peut aller dans toutes les directions et du nombre de cases qu’elle veut, les fous qui sont la pour divertir le roi et la reine, placés de chaque côté du roi et de la Dame, et se déplaçant en diagonale, les cavaliers qui partent d’une case d’une couleur et arrivent sur une case de la couleur opposée et enfin les 8 pions en première ligne qui sont censés protéger le Roi, des menaces adverses.
Un jeu de stratégie, de logique, mais également visuo-spatial qui est d’ailleurs considéré comme un sport.
C’est lorsque j’ai vu pour la première fois Ron, Harry et Hermione jouer la légendaire partie d’échecs, dans le parcours pour sauver la pierre philosophale dans le film « Harry Potter à l’école des sorciers » que j’ai compris l’aspect guerrier de ce jeu.
Hasard ou non, vous remarquerez que notre ami Ron Weasley et la légendaire Beth Harmon sont roux, peut-être sont-ils cousins tous les deux ? On ne le saura jamais, évidemment.
Mais saviez-vous que malgré leurs 32 ans d’écarts, Ron et Beth auraient pu jouer l’un contre l’autre en tournoi ? En effet, le jeu d’échecs est sport mixte à tous les points de vue. Il n’est pas rare de voir jouer en tournoi : des hommes contre des femmes, des jeunes contre des personnes plus âgées et également des personnes valides contre des personnes en situation de handicap.
Et c’est ce dernier point que j’apprécie particulièrement aux jeux d’échecs, c’est d’après moi le sport le plus inclusif. Quand j’ai commencé à fréquenter mon mari, amateur d’échecs, en décembre 2013, j’étais loin d’imaginer que 8 ans plus tard, j’allais faire partie d’un projet national autour du jeu d’échecs et des troubles DYS et que je me retrouverais à promouvoir les bénéfices de ce sport sur le cerveau de personnes neuro-atypiques comme moi.
Tout à commencé quand mon mari m’a un jour proposé de jouer contre un joueur dyspraxique visuo-spatial dans un Institut Médico-Educatif, près de chez nous. La partie était complexe au début et nous étions épuisés à la fin mais nous étions heureux de pouvoir jouer malgré notre handicap.
J’ai perdu cette première partie, mais cela ne m’a pas empêché de prendre plaisir à jouer. Etant persévérante, je n’ai pas souhaité m’arrêter là, et j’ai donc décidé, quelques années plus tard, en septembre 2020, de tester sur moi-même, l’apprentissage et l’entraînement un peu plus intensif du jeu d’échecs, à raison d’1h30 par semaine, hors vacances scolaires.
Autant vous dire que quand on a un trouble visuo-spatial, il est très fort probable de se faire avoir par un mat avec des fous et des dames. En effet, au tout début, mon regard n’était pas linéaire et je n’avais pas une vision globale de l’échiquier. Quand on a un trouble des fonctions exécutives cela n’arrange pas les choses puisque nous avons du mal à anticiper les coups, il faut donc apprendre à bien regarder l’échiquier et à bien réfléchir avant de jouer.
Quand on passe à une cadence lente (plus d’une heure de jeu par joueur), il faut à la fois jouer son coup, appuyer sur une pendule et noter sa partie. Un enchaînement qui peut être épuisant pour les joueurs DYS. Pour cela, il existe des aménagements possibles, en tournoi pour que quelqu’un note la partie à la place du joueur en situation de handicap, cela évite donc une surcharge cognitive.
Je vous parle des difficultés à jouer au jeu d’échecs, mais il y a bien sûr aussi des bienfaits et ils sont nombreux. Pour ma part, jouer aux échecs m’a permis d’acquérir une meilleure saccade oculaire, mon regard est donc plus linéaire et je vais plus vite à transcrire les coordonnées d’un coup (j’y arrive depuis seulement 3 semaines, après environ 1 an et demi de pratique, donc rien n’est impossible). J’arrive mieux à anticiper les coups, et à établir des stratégies, même si ça reste encore laborieux et ma concentration est beaucoup plus longue sur mes parties actuelles que sur mes premières parties.
Sur le plan cognitif le jeu d’échecs apporte également une meilleure connexion des 2 hémisphères du cerveau, ce qui permet par exemple aux dyslexiques de mieux comprendre un texte qu’ils lisent (bon je ne vous cache pas qu’il faut du temps et de l’entraînement pour que la magie opère).
Ce jeu a également renforcé ma capacité à mieux accepter l’échec, qui est considéré dans ce sport, comme une opportunité de s’améliorer et donc à apprendre de ses erreurs. Même si je reste de faible niveau j’ai pris confiance en moi et j’ai une meilleure estime de moi car je vois mes progrès d’une séance à une autre.
Toutes ces expériences m’ont donné envie de me lancer dans un projet autour du jeu d’échecs et des troubles DYS, pour permettre aux 10% de la population concernés par ces troubles, d’apprendre à jouer aux échecs avec plaisir et sans difficultés. Projet qui a été validé par la Fédération Française des Echecs et dans lequel je serais possiblement la référente en France. Pour ce projet de longue haleine, je serais accompagnée de médecins, spécialistes et de grands joueurs d’échecs. Un grand merci à Franck DROIN, et à la Fédération Française des Echecs pour leur confiance dans ce projet.
Je cherche d’ailleurs des témoignages de personnes DYS ayant joué aux échecs, vous trouverez en description de ce podcast le lien vers un google form prévu à cet effet.
C’est la fin de ce podcast, j’espère qu’il vous aura plu, n’hésitez pas à le liker, le partager et à me suivre sur les réseaux sociaux.
A bientôt pour un prochain podcast de 6foisdys.